Microvue rencontre Librevue. La nouvelle du jour est l’option incontournable que représentent les logiciels llbres.
– Microvue : salut Librevue ! Fidèle à une méthode éprouvée, c’est à la source que j’ai lu la déclaration en faveur du logiciel libre du président du conseil du trésor. Il y a là des arguments intéressants, j’en conviens. Cependant, dans l’industrie, dans le milieu du travail ou dans les organismes publics, parapublics ou communuataires, c’est le logiciel propriétaire qui est utilisé.
– Librevue : salut Microvue ! Comme d’habitude, tu poses des questions qui appellent plusieurs réponses. Je m’attelle donc à cette tâche…
– Microvue : ce ne sera pas trop long, j’espère.
-Librevue : pas du tout. J’en fais l’équivalent oral des points de forme :
- le monde du travail est beaucoup moins uniforme qu’on le prétend et les logiciels utilisés ou leur version dans 5 ans ne seront pas les mêmes;
- on n’enseigne pas un logiciel : on enseigne les principes et les techniques de la gestion de projet, par exemple. On illustre ces principes et ces techniques à l’aide d’un logiciel qui peut être à la limite n’importe lequel parmi les logiciels de gestion de projet et certainement un logiciel libre. Ainsi, dans le milieu du travail, c’est, de toute façon, Primavera et non MSProject, Openproj ou ProjectLibre qui sera utilisé pour certains gros projets;
- et à quoi sert de payer pour des logiciels dont une petite partie seulement des fonctions sont utilisées pour l’enseignement ?
- enfin, l’option incontournable du gouvernement du Québec et des réseaux publics et parapubllics en faveur du logiciel libre devrait faire une place accrue aux logiciels libres dans l’éducation et dans quelques centaines de milliers d’emplois.
– Microvue : tes réponses sont toujours si complètes que je garde une certaine réserve,. je conserve des doutes. Par ailleurs, on dit du logiciel libre qu’il est gratuit, mais ce n’est pas vrai si on tient compte des coùts de maintenance.
– Librevue : entièrement d’accord! Tout dépend du logiciel. Ainsi Gimp peut faire économiser 50000 $ de licences à chaque mise à jour et coûter 5 000 $ en formation et en soutien. D’autres logiciels sont plus gourmands, comme Moodle qui est libre et dont les licences sont gratuites, mais qui demande un serveur, du service et du soutien. Il faut analayser avec exactitude et comparer, alors on verra que parfois le logiciel libre est plus cher, souvent moins cher et très souvent presque gratuit.
– Microvue : gratuit pour les étudiants ?
– Librevue : totalement, dans leur cas. D’où l’avantage d’étudier partout et sans limite de licences.
– Microvue : les administrations bougeront-elles si c’est seulement pour avantager les étudiants et si c’est à leur désavantage ?
– Librevue : ta question est juste. Avec le libre, il n’y a plus de limite de licences. Il peut être dans tous les laboratoires sans plus de frais, en général. Ainsi, un nouveau laboratoire n’entraîne pas de frais, une nouvelle version non plus. Et les horaires se feront plus aisément. Le budget sera allégé de ce côté-là.
– Microvue : et pour les professeurs ?
– Librevue : ils pourront plus compter sur le travail hors classe des étudiants. C’est bon pour la pédagogie active.
Microvue : les diplômés sauront-ils utiliser des logiciels propriétaires installés en entreprise ?
– Librevue : oui, car ce sont des diplômés de l’enseignement supérieur qui ont une certaine polyvalence, qui sont capables de s’adapter. C’est ce qui fait la valeur du DEC. lls ne sont pas de simples exécutants formés sur une machine, sur un logiciel ou sur une version d’un logiciel.
– Microvue : oui, mais quand on comparera tel logiceil libre à tel logiciel propriétaire, il se peut que le logiciel propriétaire soit meilleur.
– Librevue : meilleur pourquoi ? Il ne faut pas comparer un logiciel libre et un logiciel propriétaire dans l’absolu. Il faut prendre comme point de comparaison les besoins du programme d’études et y comparer le logiciel libre et le logiciel propritétaire pour voir s’ils remplissent les conditions. S’ils remplissent les conditions tous les deux, à l’appel d’offre, c’est le moins cher qui devra l’emporter.
– Microvue : c’est nécessaire, de plus, dans une saine gestion des fonds publics, je te l’accorde. Pour finir, Librevue, je trouve tes arguments convaincants, mais je compte, moi, sur la nature humaine qui s’attache à l’apparence, est sensible à la publicité, résiste au changement, évite la réflexion critique et préfère crier à l’unisson.
-Librevue : c’est une longue lutte crépusculaire, dirait JFK. Ce qui donne courage, c’est que l’éducation participe à cette lutte. Oeuvrer dans l’enseignement supérieur, c’est combattre des préjugés et les siens propres. Ayons confiance !
Pierre Cohen-Bacrie
Conseiller pédagogique TIC
Collège Montmorency
Document audio : entrevue radiophonique de Stéphane Bédard, Président du conseil du trésor avec Benoît Dutrizac
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