Blanchiment par les données (openwashing)

2016-11-02-04_05_31-openwashinganyone_-world-wide-web-foundationLe concept de blanchiment par les données (openwashing) est un bon sujet pour initier une discussion. Cette discussion peut commencer ici [sur le site de la WWW Fondation]. Il n’y a pas si longtemps la recherchiste Ana Brandusescu (@anabmap) a animé une session à ce propos, avant la Conférence internationale des données ouvertes, le mardi 4 octobre 2016. Voici quelques-unes des idées-clés soulevées par les participants à la discussion.

En quoi consiste « le blanchiment par les données (openwashing) » ?

En se basant sur les discussions de groupe que nous avons eues à Madrid, le blanchiment par les données (openwashing) consiste à diffuser des informations sélectives sans fournir aux citoyens un environnement où ils peuvent librement utiliser ces données – que ce soit pour bâtir des entreprises ou pour tenir le gouvernement imputable. Cela se produit souvent en l’absence d’une forte liberté d’expression, de protection des données et de lois sur la liberté de l’information. Principalement, cela survient au gouvernement, mais cela peut aussi exister en dehors du gouvernement :

Au sein du gouvernement, le blanchiment par les données est pratiqué lorsque l’information diffusée concernant les marchés publics n’est pas détaillée suffisamment pour que le public puisse se faire une représentation complète de ce que ces contrats signifient : des questions du genre : Qui étaient les soumissionnaires ? Comment et à qui le contrat a été attribué ? Et comment l’argent a été dépensé ? sont sans réponse. Cela peut aussi être appliqué à l’absence d’information publique sur les sous-traitants en charge de la gestion de projets.

À l’extérieur du gouvernement, le blanchiment de données est pratiqué lorsque les rapports sont rédigés en vantant des études de cas des données du gouvernement ouvert, leur succès et leur impact, quand il pourrait s’agir simplement de résultats. Maintes et maintes fois le groupe a mentionné que l’impact des données du gouvernement ouvert est rare. Obtenir un impact est un objectif à long terme. Cela peut prendre des années avant que nous puissions voir des impacts réels. Cependant, l’impact est considéré comme acquis dès maintenant.

En 2015, le rapport Open Data Barometer a constaté que les « initiatives de données ouvertes risquent d’être simplement une façade, ou un « blanchiment par les données » – lorsque les données sont appelées « ouvertes » au moment de leur diffusion, mais ne répondent pas véritablement aux critères de ce qui est « ouvert ». Des gouvernements publient des données, d’une part, mais, d’autre part, restreignent leur utilisation et la liberté. Ils peuvent faire semblant d’être un gouvernement ouvert en ayant uniquement un portail de base de données ouvertes avec peu de données, et organiser des hackathons comme un moyen rapide et facile de paraître ouverts.

Depuis combien de temps le blanchiment par les données a-t-il existé ?

En 2009, Michelle Thorne (Mozilla) a identifié le concept de blanchiment par les données (openwashing) dans le mouvement open source et l’a défini comme étant semblable à l’écoblanchiment (greenwashing). Déjà, nous pouvons voir qu’une définition dans une définition est révélatrice de sa complexité et de sa nature. Christian Villum (Open Knowledge International) a ajouté à la définition en l’élargissant à différence entre rendre vos données ouvertes et simplement les rendre disponibles.

Les gouvernements ou les organisations peuvent ne pas se rendre compte qu’ils contribuent au blanchiment par les données. Par conséquent, notre groupe réuni à Madrid a convenu qu’il était important de publier des données qui sont comparables et suffisamment précises pour éviter le blanchiment par les données. En outre, nous avons discuté de publication de données politiquement sensibles (par exemple : dépenses, budgets, contrats) et de données non sensibles (par exemple : météo) ; dans ce dernier cas, il est plus facile de produire de vraies « données ouvertes » que dans le premier cas. Nous avons questionné l’environnement actuel de publication et quel type de données il permet, autorise ou encourage à publier.

Nous avons discuté de l’importance d’assurer le respect des cadres juridiques, au-delà du simple fait qu’ils sont en place. Il s’agit du droit aux données, du droit à l’information et, en fin de compte, du droit de savoir (participation et transparence). Nous avons identifié les utilisateurs comme un groupe d’organisations qui travaillent sur une question ; ce sont des développeurs, des universitaires, des politiciens, des militants, des groupes de la société civile. Nous sommes les utilisateurs. Nous allons commencer par-là, pour suivre nos progrès (ou l’absence de progrès) et pour évoluer. Par ailleurs, qu’est-ce qui peut inciter les gouvernements à s’attaquer au blanchiment par les données ? Est-ce leur réélection ? Un meilleur classement au Baromètre de données ouvertes et au Répertoire global des données ouvertes ?

Et pour nous ?

Nous avons tous reconnu la nécessité d’avoir  des processus d’engagement. Actuellement, nous n’avons pas des boucles de rétroaction, avec des canaux de communication clairs. Il nous faut réfléchir à comment ça marche :

Informer –> Consulter –> Impliquer –> Collaborer  –> Habiliter

À la fin de deux séries de sessions intensives, nous ne sommes pas arrivés à conclure à une définition, mais il a été décidé de mettre l’accent sur la transparence du gouvernement ouvert  et des données de gouvernement ouvert, sur le blanchiment par les données, tant au gouvernement que dans les organismes à but non lucratif. Nous avons réalisé que la notion d’ouvert est une question ouverte, et finalement nous nous sommes retrouvés avec plus de questions que de réponses. Mais c’est normal, car cette discussion vient de commencer. Nous allons donc continuer !

Merci à Danny Lammerhirt, Silvana Fumega, Fabrizio Scrollini, Oscar Montiel, Teemu Ropponen et Julia Keseru pour cette bonne discussion, à Mor Rubinstein pour co-animer un grand événement, à Carlos Iglesias et à Craig Fagan pour les idées sur ODB et politique. La session a été inspirée par la 3e édition du Baromètre des données ouvertes de la Web Foundation en 2015,  les conclusions de Silvana Fumega sur le blanchiment par les données dans Freedom of information and open government data communities could benefit from closer collaboration, de Silvana Fumega et de Zara Rahman When the openwashing is over: protecting the right to know.

Lire les dernières publications qui proviennent de la semaine de la Conférence internationale sur les données ouvertes :
10 takeaways from the 2016 International Open Data Conference. Alex Howard. Sunlight Foundation.
Reflections from the International Open Data Conference: open data has grown up . Anna Scott. Open Data Institute.
Openwishing Data. Andy Dickinson.

par Ana Brandusescu
World Wide Web Foundation
traduction : Adte
Version originale anglaise.

 

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