La veille documentaire et ses ressources
Au quotidien, nous devons tous élaborer des stratégies pour nous tenir informés. Pour ma part, ce n’est que lorsque j’ai commencé à organiser des veilles documentaires que j’ai pris la mesure du temps qui me filait entre les doigts lorsque je m’attelais à cette tâche.
Mes sujets de recherche étaient évolutifs, et mes vigies, elles, étaient peu flexibles; je n’arrivais pas à suivre la cadence, en plus d’exécuter toutes mes autres tâches.
Je partage ici mes trouvailles, elles vous aideront peut-être à affiner vos propres stratégies de veille, d’automatiser la réception de vos informations et surtout de les centraliser, et ce à très petit budget.
Que la veille soit effectuée par et pour un individu (un chercheur), ou par un individu pour une collectivité (une cellule de veille), elle doit être planifiée en tenant compte non seulement de sa création mais aussi de sa conservation et de sa maintenance afin d’éviter qu’elle ne devienne obsolète.
1) Les défis de l’exercice de veille : la création, la conservation et la maintenance
Le premier défi consiste à débuter sa veille non pas en testant un outil, mais en s’attaquant à la réalisation de son schéma, simplement armé de crayons et de papier.
Vous êtes expert de votre sujet et vous trouvez l’exercice futile? Repensez-y avant de vous lancer.
Votre sujet, une fois traduit en mots-clefs, n’offrira peut-être pas un angle assez ouvert pour vous permettre de tenir une vigie digne de ce nom. Pour chacune de vos « veilles», je vous propose de cibler 3 axes de recherche : Votre sujet (bien sûr), son domaine (pour voir venir les tendances) et les experts (voire même vos concurrents…). Ces trois axes vous permettront, au besoin, d’élargir votre veille qui restera ainsi riche et vivante au fil du temps.
Une fois ces axes définis, est-ce le temps de vous lancer, enfin, dans l’interface des Feedly ou DIGIIT de ce monde? Pas encore! Résistez. C’est le moment parfait pour vous demander où entreposer les résultats de vos efforts.
Souvent, la meilleure option, et la moins coûteuse, c’est la création d’un compte courriel dédié à votre veille (ex. un compte courriel au nom de votre sujet ferait très bien l’affaire). Cette stratégie vous permettra de recueillir les alertes, les résultats de recherche, mais aussi de gérer les inscriptions aux différents outils utilisés. Pour le travail, j’utilise un compte dédié à la veille et je me connecte à tous mes outils grâce à ce profil. Aucune confusion possible entre mon boulot de veille, les autres urgences du travail et la vie privée. Un autre avantage, votre espace de stockage est maintenant accessible de partout. Par exemple, si je dois concevoir une cellule de veille sur les changements organisationnels en bibliothèques universitaires, je vais créer des alertes dans des bases de données spécialisées, dans Google, dans différents médias sociaux et centraliser les meilleurs résultats sur mon compte dédié à la veille. Il sera avantageux d’utiliser toutes les options possibles pour trier et classer les différents résultats stockés dans votre courriel.
2) L’utilisation d’outils gratuits, est-ce suffisant ?
Faire le choix d’outils gratuits est probablement inévitable pour la plupart d’entre nous. Les outils payants ( Sindup, Website Watcher Pro, etc. ) sont certainement très performants, mais ils demandent un financement soutenu. Je connais très peu de chercheurs pouvant se permettre ce luxe. Si vous êtes membre d’une communauté de recherche, vous aurez probablement accès à de nombreuses bases de données, ou périodiques spécialisés. Je crois que la stratégie la plus efficace est de travailler chacune des sources afin d’automatiser l’envoi des articles ou des informations non pas directement dans votre courriel dédié, mais vers un agrégateur de RSS. Feedly est présentement l’outil le plus populaire auprès de ma communauté, et même si vous utilisez sa mouture gratuite, il est suffisamment performant pour vous permettre de filtrer l’ensemble des RSS et des sites que vous désirez suivre. Personnellement, je l’utilise comme lecteur de RSS au quotidien, et lorsque je trouve des perles rares, la fonction d’exportation vers mon courriel dédié ou même vers mon compte Twitter est très rapide.
Si vous ne faites pas partie d’une communauté de chercheur, il vous faudra absolument paramétrer les alertes Google en mode avancé, utiliser au maximum Google scholar et trouver quelques bases de données offrants des articles en libre accès : ex. https://www.base-search.net, https://www.hathitrust.org/ , etc.
Ne sous-estimez pas les retombées positives du partage de vos informations. En entreprise, favoriser le partage et la communication aura comme effet de dynamiser vos équipes et permettra un réseautage au-delà des murs de votre milieu de travail.
3) Des obstacles en vue?
Le temps! Oui, les coûts d’utilisation de Feedly, WordPress ou Netvibes sont minimes… mais le temps investi sera-t-il rentable? Cela dépendra de votre capacité à gérer et réutiliser vos données et de votre capacité à vous créer une bonne méthode de travail.
Selon moi, la valeur ajoutée de la veille dépasse ce que vous apprendrez sur votre sujet. Vos activités de veille témoignent de votre dynamisme et de votre engagement dans le milieu. Le fait de partager vos trouvailles créera une communauté de pratique autour de vous ou parmi vos experts et vous permettra de voir venir les nouvelles tendances.
par Justine Lamoureux
bibliothécaire
Service de l’acquisition et du traitement des ressources documentaires
UQAM
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